Souvenirs heureux / Hans Hammar

Souvenirs heureux / Hans Hammar

100 ans est un âge impressionnant pour une Organisation internationale, et il y a de nombreuses raisons pour lesquelles l’OIT l’a atteint: un objectif important (justice sociale), une bonne structure (tripartisme) et des délégués et un personnel compétents.

C’est le moment de rappeler deux grandes personnalités de l’OIT, qui ont toutes les deux – compétence, esprit, charme et humour – à savoir Gullmar Bergenström et Francis Blanchard.

Gullmar, un impressionnant Suédois de 2 mètres de haut avec un monocle et une moustache, était le Vice-président des employeurs du Conseil d’administration de 1969 à 1980. Il a dirigé les employeurs « indisciplinés » pendant les années difficiles de la guerre froide et a bien travaillé, mais indépendamment, avec trois grands directeurs généraux – Morse, Jenks et Blanchard. Il convainquit Jenks puis Blanchard de créer un nouveau programme d’employeurs, combinant relations et coopération technique, et bien sûr un programme correspondant, et plus grand, pour les travailleurs. Jenks a défendu la proposition, comme une conséquence logique du tripartisme – contre les pays communistes, mais avec le soutien de la (alors) CISL (Confédération internationale des syndicats libres, social-démocrate). Blanchard a pris les décisions organisationnelles et a obtenu les ressources budgétaires.

Ce sont les années difficiles du débat sur la « Structure de l’OIT ». Le débat a tenté de satisfaire les pays communistes en général et leurs « employeurs » en particulier; ce dernier voulait avoir des sièges garantis au sein du groupe des employeurs du Conseil d’administration. Lors d’une élection du Conseil d’administration dans les années 1970, les employeurs communistes n’ont reçu qu’une trentaine de voix, mais il en fallait environ une centaine pour être élus. Le délégué patronal soviétique, le charmant M. Polyakov, demanda la parole et dit avec colère: « M. Bergenström, nous les employeurs socialistes avons un droit démocratique d’être élu au Conseil d’administration! » Gullmar a enlevé son monocle et a répondu calmement: « M. Polyakov, laissez-moi vous informer – avec mon expérience un peu plus longue de la démocratie que la vôtre – que vous avez un droit démocratique de vous présenter aux élections, pas d’être élu! » M. Polyakov n’était pas convaincu …

La chute du mur de Berlin en 1989 a tout changé: maintenant les employeurs russes et d’autres pays d’Europe de l’Est – ainsi que les Chinois! – sont élus démocratiquement au Conseil d’administration. Et le personnel de leurs nouvelles organisations est formé par ACTEMP (Bureau des activités pour les employeurs) …

Ce fut un plaisir de travailler avec Francis Blanchard, compétent, extraverti, charmant et plein d’esprit! En 1982, il accompagna le pape Jean-Paul II lors de la Conférence pour visiter séparément les trois groupes. Trois secrétaires catholiques d’ACTEMP avaient demandé à être autorisés à y assister. Quand le pape vint à eux, il se tourna vers M. Blanchard et demanda: « M. le Directeur Général, ces charmantes jeunes dames, est-ce qu’elles sont vraiment des employeurs? » Monsieur Blanchard a répondu, sans hésiter: « Oui, Votre Sainteté, des employeurs clandestins! ». Le Pape a souri et a béni les dames.

C’était le bon vieux temps …


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