Le Centenaire de l’OIT 100 ans de crises surmontées / Takayuki Ando

Le Centenaire de l’OIT 100 ans de crises surmontées / Takayuki Ando

Alors qu’on célèbre du fond du cœur le centenaire de notre organisation mère l’OIT, il ne faut pas oublier que les longs chemins qu’elle a parcourus durant ces cent années n’ont pas nécessairement été plats et aisés. L’OIT a supporté non seulement les très dures années de la seconde guerre mondiale, obligeant le BIT à se séparer de 90% de son personnel (de 400 à 40) et à se réfugier à Montréal, mais également bien d’autres difficultés sérieuses durant sa longue histoire.

En raison de l’espace alloué à chaque contribution, je ne peux que toucher brièvement celles-ci. L’une des plus sérieuses et durables difficultés que l’OIT a eu à affronter a été la confrontation entre l’universalisme et le tripartisme, deux principes de base auxquels l’organisation se doit d’adhérer. La divergence d’opinions marquée sur ce point et le fort antagonisme  entre le groupe employeur (ainsi que certains gouvernements, en particulier les Etats unis) d’une part, et les Pays de l’Est d’autre part, ont beaucoup dérangé le fonctionnement homogène de l’OIT, particulièrement durant la Conférence et autres réunions tripartites.

Ceci a duré bien des années, en fait depuis le milieu des années trente quand l‘URSS est devenue membre de l’OIT, jusqu’au début des années 1990 quand la confrontation Est-Ouest a finalement disparu.

Parmi les autres difficultés que j’ai ressenties personnellement, l’introduction de sujets politiques  a créé une certaine confusion lors des Conférences, d’abord en 1963-64 à cause de la confrontation entre les états membres sur le problème de la discrimination raciale (Apartheid) en Afrique du Sud. J’entends encore le chahut et les vociférations dans le hall du Palais des Nations. Puis, au début des années 70, l’accusation ferme par les Etats unis de « politisation de l’OIT », en rapport aux conflits entre les états membres sur les relations Palestine-Israel, etc., qui ont conduit les Etats unis à suspendre le paiement de leur contribution au budget annuel de l’Organisation et finalement à se retirer de l’OIT pendant plusieurs années (1977-1980). Ceci a obligé le Bureau  à prendre des mesures draconiennes pour diminuer ses activités, y compris des réductions de personnel.

Il ne faudra jamais oublier les efforts  fournis d’abord par Wilfred Jenks, et après son tragique décès, par François Blanchard pendant ces dures années pour maintenir la position inébranlable du BIT.

L’OIT peut fonctionner efficacement si le monde fonctionne d’une manière harmonieuse et ordonnée. Souvenons-nous des mots gravés en latin sur la première pierre de l’ancien BIT : « Si vous voulez la paix, cultivez la justice sociale », ainsi que ceux du Préambule de la Constitution de l‘OIT : « Une paix universelle et durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale ».

 Takayuki Ando, fonctionnaire du BIT, 1956-86


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