Pour la petite histoire La naissance du « logo » de l’OIT / Marc Carriche

Pour la petite histoire La naissance du « logo » de l’OIT / Marc Carriche

 

Pendant des décennies les publications du Bureau ont été marquées d’un signe dont les anciens se souviennent. Il s’agissait de deux triangles parallèles avec des initiales BIT ou ILO. Pas très esthétique mais on n’en était pas encore au stade du « logo » symbolique de toute institution. Au sein du Service de l’information, l’un d’entre nous au moins en sentait le besoin, à mesure qu’approchait le cinquantième anniversaire: Peter David, spécialiste de ce qu’on appelait alors « l’information visuelle », étudiait des maquettes.

En 1968, alors que la préparation prenait une ampleur considérable, une de nos initiatives précipite les choses. L’Union postale universelle (UPU), avec laquelle j’avais pris contact, nous demandait un dessin à proposer à ses Etats Membres auxquels elle allait suggérer de consacrer des timbres en 1969.

Les imaginations se mirent en branle. Peter David et des graphistes extérieurs au Bureau élaborèrent maints projets. La chose n’était pas simple. Il fallait que l’image dise tout: I’OIT, le tripartisme, le travail, la paix, le lien avec les Nations Unies … et quoi encore … j’ai oublié. Mais il fallait aussi que l’insigne soit aisément lisible, agréable à l’oeil, facilement reproduisable, en une seule couleur. Une gageure.

Des dizaines de maquettes…
Chacune des nombreuses maquettes présentait des avantages et, bien sûr, des inconvénients. Des semaines d’hésitations, de discussions, des milliers de coups de crayon et de pinceau.

Enfin on se décide sur trois projets à présenter au Directeur général. Lequel nous demande de consulter son haut Etat-major. Confronté de but en blanc à un problème à la fois si minime et si important, peu préoccupé (nous sommes en 1968) par les impératifs de la « communication » (le mot n’était pas encore à la mode) chacun des chefs réagit individuellement, spontanément.

Je me souviens des remarques de trois d’entre eux face à l’un ou l’autre des projets : « Où est le tripartisme ? » ; « on dirait une femme enceinte » ; « ça ressemble à une couronne mortuaire ».

Nous avions certes déjà recueilli, parmi les nombreuses approbations, pas mal d’observations critiques de la part de collègues – du messager à l’expert de passage – auxquels nous avions montré nos projets. Mais ces remarques là … .

C’était nous rappeler la variété géographique et sociale de cette organisation bien particulière qu’est I’OIT. Nous savions aussi que le regard s’habitue aux nouveautés. Et puis il nous fallait un graphisme qui « tienne la route », qui ne se démode pas trop vite. On travaillait pour l’avenir. Peter et son dessinateur voulaient bien chercher encore … mais pour modifier aussi peu que possible. Ce qu’ils firent. Trois projets montèrent à nouveau à la direction. Pas question, on s’en doute, de prendre une décision de cette nature sans l’aval du très haut. Mais le directeur, à cette époque, avait bien d’autres soucis. Et considérables.

Cependant, un jour, la date butoir fixée par I’UPU était … le lendemain. Il fallait porter un logo à Berne. Que faire ? …

Et le choix final

Tout le processus avait été suivi par un jeune attaché de cabinet du DG – qui, je crois, a fait depuis une brillante carrière dans son pays. Dans un dernier conciliabule entre notre service et lui chacun prit ses responsabilités. Un modèle fut choisi en commun, adopté, officialisé sans autre forme de procès. Et je pris le train pour Berne. L’UPU se mit en mouvement avec un succès qui dépassa nos espérances.

Et alors on y alla franchement : dépliants, brochures, livres, communiqués, génériques de films, tout fut marqué du nouveau symbole, vite adopté par toute la maison. Aucune objection ne fut jamais soulevée.

Puisse-t-il continuer longtemps de symboliser une OIT digne et fière de son passé, décidée et courageuse face à ce qui l’attend. Mais ceci est une autre histoire…


Leave a Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.