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Caisse des pensions

Category : Message69

1 juillet 2022

Pedro Guazo est le Représentant du Secrétaire général pour les investissements des actifs de la Caisse.

Cher/ères participant/es, cher/ères retraité/es et cher/ères bénéficiaires,

Comme l’a confirmé la dernière évaluation actuarielle, notre Caisse des pensions est dans une situation financière solide et entièrement financée, même dans les circonstances financières mondiales difficiles auxquelles nous sommes tous confrontés. Au Bureau de la gestion des investissements (BGI), nous sommes très conscient/es de nos responsabilités non seulement en tant qu’employés de la Caisse, mais aussi en tant que participant/es et futur/es retraité/es. Soyez assuré/es que les intérêts de la Caisse sont au centre de toutes les décisions que nous prenons.

Notre Caisse fonctionne selon ces trois valeurs importantes, découlant des valeurs et principes des Nations Unies :

1) nous assumons notre obligation fiduciaire de protéger les actifs de notre Caisse ;

2) nous sommes ouverts et transparents et partagerons toujours les informations de manière sincère ;

3) nous sommes responsables envers toutes nos parties prenantes et nous apprécions un dialogue productif et respectueux.

Ainsi, conformément à notre engagement continu en matière de transparence, nous souhaitons vous informer de l’état d’avancement du plan visant à migrer – en toute sécurité et efficacement – le portefeuille à revenu fixe vers la nouvelle allocation d’actifs et les nouveaux indices de référence d’ici septembre 2022, tel qu’approuvé par le Comité mixte de la Caisse.

Compte tenu de la récente tendance positive de la performance de deux sous-classes d’actifs du portefeuille obligataire, les bons du Trésor américain et les titres adossés à des créances hypothécaires, l’équipe du revenu fixe du BGI continuera de gérer 100 % de ces deux portefeuilles en interne, par rapport au plan précédent de gérer 50 % en interne et 50 % en externe.

En ce qui concerne le portefeuille de crédit obligataire, l’équipe gérera temporairement entre 15 et 20 % de ce portefeuille en interne, et entre 80 et 85 % en externe. Il s’agit d’un changement par rapport au plan précédent visant à gérer temporairement le portefeuille de crédit à 100 % en externe. Globalement, la part totale du portefeuille de titres à revenu fixe qui sera temporairement gérée à l’externe représentera entre 5 et 7 % de l’actif total de la Caisse, contre 18 % dans le cadre du plan précédent.

Comme nous l’avons indiqué précédemment, il s’agit de décisions tactiques à court terme qui fourniront un soutien supplémentaire dans la gestion de certains portefeuilles pour combler les lacunes de capacité au sein du Bureau de la gestion des investissements et assurer une gestion sûre et efficace des portefeuilles. Notre caisse de retraite l’a fait plusieurs fois au cours de ses nombreuses années d’opérations fructueuses sans aucun problème dans des portefeuilles tels que des actions publiques à petite capitalisation et même des titres à revenu fixe. En tant que tel, il est prévu qu’une fois que l’équipe Fixed Income aura atteint sa pleine capacité, y compris le recrutement d’agents d’investissement supplémentaires possédant l’expertise nécessaire, le portefeuille de crédit sera entièrement géré sur une base interne. L’équipe du revenu fixe du BGI réévaluera l’ensemble de cette approche d’ici le 31 mars 2023.

Nous sommes attachés au principe de gérer le pourcentage maximum de nos portefeuilles en interne, car c’est l’approche avec le meilleur coût-efficacité. Cependant, nous devons aussi continuellement chercher à atténuer les risques dans la gestion de ces portefeuilles.

Nous sommes au courant de l’analyse coûts-avantages entreprise par un groupe préoccupé par le projet d’utiliser temporairement des gestionnaires externes pour une partie du portefeuille obligataire. Nous avons revu l’analyse et la trouvons statique et partielle, ne tenant pas compte des risques de mise en œuvre ou des capacités actuelles de l’équipe, suggérant même que nous tolérons une sous-performance pour certains portefeuilles.

Pour ceux qui souhaitent mieux comprendre ce qu’est le portefeuille obligataire et les facteurs pris en compte par les experts dans sa gestion, nous vous invitons à nouveau à suivre les sessions animées par M. Tomasz Wojciechowski, responsable de l’équipe du revenu fixe du BGI. Vous pouvez trouver les enregistrements des cinq premières des huit sessions et les liens des réunions pour suivre les prochaines sessions sur notre site ici. Les sessions restantes auront lieu tous les mardis à 10h00, heure de New York, au cours des trois prochaines semaines.

Permettez-moi de répéter que le recours à des gestionnaires externes est une approche tactique à court terme pour soutenir les équipes BGI avec la capacité de gérer des portefeuilles ou sous-portefeuilles spécifiques. Il n’y a pas de stratégie ni de plan pour externaliser complètement la gestion des actifs de la Caisse. Nous nous engageons à continuer de gérer les portefeuilles de la Caisse de manière sûre et efficace comme jamais. Nous espérons que ces assurances vous apporteront la tranquillité d’esprit quant à la santé financière de votre pension.



Lettre d’orientation du Directeur général nouvellement élu – 8 juillet 2022

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Le Directeur général nouvellement élu a adressé au personnel le 8 juillet 2022 une lettre d’orientation pour le Programme et budget pour 2024-25.

Téléchargez la ici :
Lettre d’orientation du Directeur général nouvellement élu – 8 juillet 2022


Compte-rendu sur la 80e Assemblée générale de l’AAFI-AFICS

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(Association des anciens fonctionnaires internationaux/Association of Former International Civil Servants)

Le mardi 21 juin 2022, après trois ans d’interruption, l’AAFI-AFICS a tenu sa 80e Assemblée générale au Centre international des conférences de Genève (CICG).

La Section des Anciens est membre du Comité de l’AAFI-AFICS en tant qu’«Association sœur».

La participation aux réunions de l’AAFI-AFICS est intéressante à plus d’un titre. Elle permet de garder le contact avec les associations d’anciens fonctionnaires des autres organisations internationales sur la place de Genève, de s’informer de leurs activités et de connaître le rôle de l’association faîtière, à savoir la FAAFI, Fédération des associations des anciens fonctionnaires internationaux dans le monde.

Sans entrer dans tous les points à l’ordre du jour de cette assemblée, on peut retenir cependant, dans le cadre du rapport d’activités, une présentation intéressante (surtout à titre de comparaison avec notre CAPS du BIT) du fonctionnement de la caisse de santé des Nations Unies à Genève, l’UNSMIS ( Assurance mutuelle contre la maladie et les accidents du personnel des Nations Unies). En effet, l’AAFI-AFICS est parvenue à obtenir du Comité exécutif de cette caisse, après de longues années de lutte, qu’un représentant des assurés retraités, après y avoir eu le statut d’observateur, puisse y siéger avec droit de vote. C’est un net progrès mais rien n’étant parfait dans le meilleur des mondes, ce membre est choisi par cooptation, contrairement à la CAPS du BIT où six membres, actifs ou retraités, y sont ÉLUS depuis de nombreuses années. Nous avons aussi appris qu’après quelques années d’adhésion à la caisse privée Cigna, dont la réputation n’est plus à commenter, que les assurés de l’UIT (qui ont quitté la CAPS il y a une dizaine d’années), se rendant compte du tarif exponentiel de leurs primes d’assurance et de la limitation des prestations reçues, ont décidé de rejoindre le giron un peu plus solidaire et mutuel de la caisse UNSMIS. C’est une bonne nouvelle et la boucle est ainsi bouclée.

Lors de cette présente session, en sus des points normaux à l’ordre du jour, les participants présents ont pu assister à une présentation de représentants de la Caisse commune des Pensions. Le point a été fait sur la numérisation et la reconnaissance faciale permettant de fournir le certificat de droit à prestation annuel «CE Digital» en complément à l’envoi du document par courrier postal ou via internet (Espace client/Member Self-Service). L’application CE Digital a été adoptée à ce jour par environ 11 000 retraités sur 60 000. Des mesures de simplification sont en cours pour faciliter l’accès à celle-ci; des vidéos concernant les étapes à suivre sont disponibles en anglais et en français sur le site de la Caisse des pensions. Pour ceux que le processus informatisé rebute, le système initial par papier est toujours disponible.

Un autre point de clarification, «bien sûr rassurant» de leur part, a aussi été apporté par les représentants de la Caisse concernant la polémique de printemps dernier (2022) sur l’éventuelle externalisation de certains fonds de la Caisse et la pétition ayant circulé à son encontre. C’est un sujet épineux sur lequel tous les associations et syndicats de personnel ou d’anciens fonctionnaires ne sont pas forcément d’accord avec leurs représentants élus au Comité mixte de la Caisse des pensions: les uns justifiant une nécessité de compétence extérieure qui serait absente au sein de la Caisse, les autres criant au risque d’investissements opaques attirant les loups voraces de la finance. Le Comité mixte des Pensions, quant à lui, à la suite de sa réforme récente, s’est réuni une première fois en avril cette année (2022) et aura sa réunion plénière, comme de coutume, cet été. Nous suivrons avec attention ses développements et ses décisions.

L’Assemblée s’est terminée par un apéritif et une note festive et musicale, bien appréciée par ses participants en mal de rassemblements depuis trois ans.

Catherine Comte Tiberghien, 28 juin 2022





Hommage à Robert Falaize (1925-2022)

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Le cercueil de Robert Falaize était recouvert du drapeau aux couleurs de la France en cette cérémonie de funérailles en l’église Notre Dame de Genève le 8 mars 2022. Robert avait démarré jeune sa vie de militant et dès l’âge de 17 ans il s’était engagé dans ce qu’il a mentionné dans sa notice personnelle de candidature pour un poste au BIT: 1942-1944, membre de l’organisation civile et militaire, dite « Résistance ». Robert était né à Caen en 1925 et sa ville a connu des semaines de combats et de destruction féroces après le débarquement de juin ’44 en Normandie. Puis il s’est engagé volontaire dans les Forces libres de la France et a été élève-pilote de 1944 à 1946.

Adolescent, Robert a obtenu un brevet de l’Enseignement commercial, puis après sa période militaire a travaillé pour divers journaux locaux français comme rédacteur d’articles et de reportages, a participé à la préparation technique de journaux et a été chargé de l’organisation des services de vente; il était titulaire de la carte de journaliste. En 1949 il postule pour un emploi au BIT comme sténo-dactylo de langue française catégorie III. Parallèlement à son emploi il reprend les études à Lausanne en Sciences politiques entre 1953 et 1957 et passe un doctorat.

Un article qu’il rédige en 1955 sur les conditions de travail dans l’industrie textile pour un journal français le fait remarquer de ses supérieurs. Il devient secrétaire-greffier du Tribunal administratif de l’OIT. A partir de 1960 il fait plusieurs missions en Amérique latine, notamment à l’Ecole syndicale autonome de Lima, puis au Brésil, en Argentine ainsi qu’au Mexique et il devient la référence dans l’éducation ouvrière en publiant Manuels et Bulletins. En 1969 il sera affecté au Bureau de Mexico, puis revient à Genève et est détaché en 1974 au Bureau de Paris comme directeur-adjoint. En 1979 il est nommé Directeur du Bureau de Mexico; il sera décoré de la Médaille de l’ordre de l’Aigle aztèque du Mexique. En 1982 il demande sa retraite.

J’ai rencontré Robert pour la première fois quand je suis arrivé au Bureau exécutif des Anciens du BIT. J’avais 60 ans et Robert en avait alors 85. Il était toujours un membre très actif de la structure des retraités du BIT. Il avait été membre fondateur de la Section des Anciens en 1982, sentant la nécessité de mettre en place avec quelques collègues syndiqués une instance où les retraités pourront exprimer leurs préoccupations ainsi que de permettre de garder un lien précieux avec les employés du BIT, le Syndicat du personnel et l’administration. Robert était au moment où je l’ai connu toujours membre du Comité de rédaction d’Union, la revue du Syndicat; il a continué à l’être encore durant plusieurs années jusqu’à ce que les forces commencent à le quitter. Robert a été le premier rédacteur en 1987 de la Lettre aux anciens fonctionnaires qui sera suivi par Message. En 2012 il était disponible pour relancer le Cercle d’Arts du BIT dont le président venait de décéder. Quand il a quitté le Bureau des Anciens en 2016, il en a été nommé membre honoraire. Son épouse Carmen, membre du Cercle d’Arts, était bien présente auprès de lui et d’un précieux soutien.

Robert vient de nous quitter à 97 ans suite à une longue vie bien remplie au service des autres et après plusieurs années de combat contre la maladie et le vieillissement inéluctable. Son combat pour la vie aura été à la hauteur de toute l’action qu’il avait menée presque durant un siècle. Robert est rentré dans notre mémoire et demeure pour tous un exemple de militant à suivre.

François Kientzler
Secrétaire exécutif
Section des Anciens du BIT


Hommage à Gérald Weder (1930 – 2022)

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Gérald Weder vient de nous quitter début février 2022. Ses funérailles au temple du Petit-Saconnex auront regroupé bon nombre de ses anciens collègues du BIT ainsi que des amis de la famille. Je n’ai pas eu l’occasion de le connaître durant sa vie professionnelle vu qu’il a pris sa retraite en mai 1987 et que moi-même je suis entré au BIT en novembre de la même année. J’ai rencontré Gérald en intégrant le Bureau de la Section des Anciens en 2009. Il venait de le quitter après avoir assuré l’interim suite au décès de Mario Tavelli, Secrétaire exécutif. C’est dire que Gérald a été membre du Bureau des Anciens durant plus de deux décennies après avoir été aussi Président du Syndicat du personnel durant sa vie active.

Gérald avait un particulier intérêt pour les questions de santé, domaine dans lequel il donnait volontiers des conseils à ses anciens collègues. Entre 2012 et 2014 il a été membre du Comité de gestion de la CAPS et il a publié différents articles bien fondés sur ces questions dans le magazine Message de la Section des Anciens. Gérald était une personne décidée, ouverte au dialogue et toujours prête et disponible pour les autres. Durant l’été 2020 il est venu me voir à Ferney-Voltaire accompagné d’une retraitée qui avait des problèmes administratifs; il avait alors 90 ans. Toujours prêt à rendre service, à aider et conseiller. Je l’ai eu maintes fois au téléphone pour lui demander son avis.

J’ai eu l’occasion d’être plus proche de lui quand nous avons rénové le Cercle d’Arts du BIT suite au décès de son Président. Il apparaissait à plusieurs membres du Bureau des Anciens qu’il fallait continuer à soutenir le Cercle et c’est ensemble avec Gérald et Robert Falaize que nous avons donné au Cercle des statuts conformes à Sports et Loisirs du BIT. Gérald en est devenu le trésorier. Des expositions annuelles ont pu être organisées dans la salle des colonnades du BIT à la satisfaction des artistes membres du Cercle, du personnel du BIT et des visiteurs.

Gérald était né le 13 juin 1930 à Nyon; après sa maturité il a suivi des études à l’Ecole supérieure de commerce de Genève. Il a exercé comme employé de comptabilité dans le secteur du commerce. Dans la notice personnelle de demande d’emploi au BIT en 1951 il a indiqué qu’il avait une connaissance des principales marques de machines à calculer. Dans la même notice il indique ses capacités en dactylographie et sténographie, éléments intégrés à l’époque dans les demandes d’emploi. Il a postulé pour un emploi de commis, poste administratif. Il a débuté sa carrière au BIT comme commis G2 et l’a terminé comme P4. C’est dire que les évolutions de carrière étaient possibles: en 1953 il était commis G3, en 1955 G5, en 1966 P1 et en 1977 P4. Durant sa carrière il a occupé des postes dans le Service administratif et financier au siège et en Afrique à Addis-Abeba mais aussi à Abidjan et Lagos pour des durées limitées.

Après sa prise de retraite fin mars 1987, Gérald a eu des engagements constants auprès des retraités du BIT. Il participait à tous les événements organisés par la Section des Anciens et était présent avec son épouse Huguette aux réceptions bi-annuelles des retraités ainsi qu’à tous les vernissages des expositions du Cercle d’Arts. Merci à Gérald pour tous tes engagements au service des autres. Nous n’oublierons pas son regard décidé mais toujours en bonne humeur.

En annexe: copie de la lettre envoyée par David A. Morse, DG du BIT, après son embauche

François Kientzler
Secrétaire exécutif
Section des Anciens du BIT


Hommage à Anees Ahmad (1942-2022)

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    Photo Raphael Crowe, Mai 2009

Anees Ahmad, expert-comptable de formation est entré au BIT en 1966 au Département des finances. Il a gravi les échelons jusqu’à devenir chef de l’Unité du budget ordinaire. Il a été transféré au Cabinet du Directeur général du BIT en 1979 puis est devenu Chef de Cabinet. En 1987 Anees a été nommé Directeur du Département des services financiers et administratifs. Puis en 1988, il a été promu au poste de Sous-directeur général en tant que Trésorier et Contrôleur financier du BIT. Il a pris sa retraite en 2002.

L’auteur de l’hommage Zafar Shaheed a rejoint le BIT en 1979 dans le Service du Droit du travail et des Relations professionnelles, secteur des salaires, et ce jusqu’en 1999. Pendant les dix dernières années de sa carrière il a été directeur du Département des principes et droits fondamentaux au travail. Il a pris sa retraite en 2009, après quoi il a apprécié de travailler en tant que co-rédacteur de la Lettre des Amis du BIT (ILO Friends’ Newsletter).

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On pourrait dire beaucoup de choses au sujet de notre Anees, tellement vaste était son cercle et tellement il était apprécié et aimé. D’autres mieux placés que moi pourraient  vous parler de sa brillante carrière professionnelle au BIT. Moi j’aimerais vous raconter quelques anecdotes personnelles.

Les relations de ma famille avec Anees remontent à son père, qui était un collègue doyen de mon père au Ministère du Travail dans les premiers jours du pays naissant le Pakistan. Ce monsieur plein d’humour est devenu par la suite le Directeur du Département des Normes au BIT. Lors des visites de mon père à Genève en tant que délégué gouvernemental dans les premières années de la décennie 1950, il a continué à rencontrer le père d’Anees. Un jour, mon père lui demanda: « Dites moi, en quoi exactement consiste ton travail ici?» La réponse : «Je ne travaille pas, moi. Mon boulot c’est de faire travailler les autres, comme cet excellent Valticos. Et c’est facile parce qu’il adore travailler lui ainsi que ses collègues.» Un constat précoce concernant la science du «management» et la délégation dans une bureaucratie.  Par la suite, M. Valticose est devenu Sous-directeur général au BIT et un grand expert reconnu parmi les juristes internationaux. Il est toujours resté ami de la famille Ahmad, invitant Anees et son frère Zaheer pour le ski et d’autres activités.

Anees venait nous voir souvent à la maison, ayant rejoint le BIT après ses études. Lorsque j’ai eu mes seize ans, il demanda à mon père s’il pouvait m’emmener en avion. Bien sûr mon père était d’accord et j’étais ravi de ce beau cadeau d’anniversaire. Je me souviens vivement du jour où nous avons survolé le Salève ainsi que le Jura et quand il m’a passé les commandes pour quelques moments. Quelle joie! Un homme de tradition mais qui détestait la sentimentalisme. Anees m’a demandé à mon tour, lorsque mon fils Ameer a eu ses seize ans: «Si ton fils voudrait bien, moi j’aimerais bien l’emmener faire un tour en avion – si tu es d’accord.» Naturellement j’ai dit oui et Ameer était ravi de cette opportunité d’aller en avion avec son Anees Chacha («tonton»).

Naturellement, il y a tant de souvenirs remontant au BIT. L’un date de 1983, lorsque je suis revenu des congés au foyer au Pakistan avec la nouvelle que je me venais de me marier et que la mariée était attendue sous peu à Genève.  Tout le monde m’a félicité – sauf Anees. Il m’a tout de suite emmené pour un café et avec un air grave et soucieux m’interpella: «Qu’est-ce qui s’est passé, mon vieux? Dis-moi tout, yaar (copain). Il t’ont obligé, hein, ils t’ont forcé pour que tu te maries, c’est bien ça? Mon pauvre gars!» Le célibataire endurci était persuadé que, ayant emprise sur mon jugement,  je ne serais jamais tombé dans le mariage par un acte volontaire. Il avait peut-être  l’espoir que je reste célibataire! Par la suite, bien sûr, il a accueilli ma femme Shahnaz avec les bras ouverts. Ils sont devenus amis et aujourd’hui elle partage naturellement le deuil.

Un souvenir encore plus ancien concerne l’époque où la Chine est revenue pour prendre sa place légitime à l’OIT. Anees avait accompagné le DG Francis Blanchard à Beijing pour lui ouvrir les portes. En rentrant, Anees m’appela pour me raconter leur visite. Puis il m’a dit: «Maintenant, nous devons introduire les Chinois au bureau et à ses rouages. Bien sûr ils connaissent bien la théorie et les grandes lignes.  Mais c’était important qu’ils apprennent la pratique, la réalité. Nous attendons une délégation de trois fonctionnaires et je suis sensé les aiguiller à travers la maison. Mais je ne fais plus ce genre de travail. J’aimerais que toi tu t’en occupes.» Il a vite eu l’accord de mes chefs pour me détacher pour deux semaines auprès de cette mission spéciale. Maintenant quand j’y réfléchis, cette visite avec les collègues Chinois était de même une introduction intense et globale au Bureau pour moi-même. Après tout, j’étais un nouveau venu au BIT, et cette visite m’a donné l’opportunité de rencontrer toutes les unités techniques et administratives du Bureau, ainsi que leurs chefs, pour connaître ce qu’ils faisaient. Anees m’avait donné l’impression qu’en faisant ce travail non-programmé j’étais en train de lui enlever un fardeau. Mais c’est lui qui m’a fait une grande faveur dans sa manière directe et unique.

Pour moi, la meilleure qualité d’Anees était l’égalité de traitement qu’il accordait à tous.  Il traitait le Directeur de la même façon qu’il traitait le portier ou le chauffeur, le Ministre comme le messager. Il était lui-même; il était le même avec tout le monde et tous l’aimaient pour sa chaleur humaine, les femmes comme les hommes, les jeunes comme les vieux. Dans beaucoup de sens Anees était plus ouvert que la réalité, il avait une grande présence et c’était difficile de ne pas être impressionné. Une seule fois je l’ai vu regarder quelqu’un avec adoration, impressionné profondément – c’était envers son frère aîné Zaheer. Vous auriez dû voir l’admiration d’Anees à l’égard de son grand frère. Anees était ravi de se laisser épanouir dans l’ombrage apprécié de cette personne qui était encore plus intrépide que lui!

Maintenant qu’ Anees est parti, son rayonnement est encore plus large. Il est parti avant nous, et je peux l’imaginer devant la porte, la tenant entr’ouverte pour nous tous – avec dans son regard des yeux malins et son gros rire bouffant comme ceux de son père et de son frère, souriant brillamment comme sa maman. Il est maintenant bel et bien réuni avec le noyau de sa famille, rayonnant sur nous tous ici-bas.  Salut, mon ami Anees.