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De la Conférence et de la Division d’édition et de traduction / Roberto P. Payró

Il fut un temps où le programme des publications était un service important, responsable de l’édition et de la traduction d’ouvrages et de publications périodiques, mais aussi des rapports de conférences et autres documents officiels, de traductions, de l’impression, de la distribution et de la vente. Lorsque je suis arrivé à la Division en 1950, elle était dirigée par J.E.A. Johnstone, canadien, ex-professeur de grec, que l’on disait avoir du sang iroquois. Il était entré au BIT en 1927 et avait travaillé pendant la guerre au Working center (centre de travail) du BIT à Montréal. M. Johnstone était une personnalité respectée de tous pour son total engagement aux objectifs de notre Organisation et la rigueur dont il faisait preuve dans les publications qui furent dès les premières années de l’existence de l’OIT l’une de ses bases.*

Année après année, la tâche la plus ardue assignée à la Division se déroulait  lors des sessions annuelles de la Conférence internationale du Travail. Voici quelques souvenirs de ces trois semaines en juin de chaque année, au cours des années courant jusqu’à mon transfert à New York, au Bureau de liaison de l’OIT auprès des Nations Unies en 1957.

Les discours prononcés lors des séances plénières de la Conférence étaient pris verbatim par les sténo-rédacteurs. Pour l’espagnol, nous eûmes des personnes aussi remarquables qu’Enrique Martìn, Sorel et Manuel Carrillo (avant qu’il soit transféré à l’interprétariat). Ils étaient ensuite retranscrits par eux-mêmes ou d’excellents transcripteurs de sténo tels de Hoyos, Ricardo Dîaz Corpiõn, Isabel et Rosa Miragaya et plus tard, Emilio Forcada et Virgilio Garrote. Rarement, un interprète estimait nécessaire de redicter un discours qui ne s’était pas révélé suffisamment fidèle à l’original, dans la langue d’interprétation.  Dans la plupart des cas dont je me souviens, c’était Dick Roome qui arrivait dans les étages du Palais où se trouvait le « pool », pour redicter l’un ou l’autre paragraphe qu’il estimait n’avoir pas été saisi correctement dans sa première version (Dick était un excellent traducteur et un collègue de premier ordre, ce qui peut expliquer pourquoi il était toujours prêt à aider ceux d’entre nous qui étaient assignés au Service d’enregistrement de la conférence). Plutôt à contrecœur, M. Johnstone laissait des collègues de son service se conduire en interprètes. Mais en  conséquence, nous avons été chanceux d’avoir pour l’espagnol, des collègues aussi talentueux que Juanita Riley, Ana Maria Etchegorry et Ma-nuel Carrillo, tandis que du côté anglais, il y  avait Dick Roome, Michael Bell, Kitty Leibovitch, Jim Connolly, Patrick Denby et Hugh Jones.

Les manuscrits dactylographiés de tous les discours étaient envoyés au Service d’enregistrement de la conférence.  Nous étions parfois heureux de constater que le texte avait été amélioré par nos collègues du « pool » qui savaient combien nous avions souffert de la mauvaise qualité de l’interprétation (mais bien plus souvent, de ce que le style et le contenu de la plupart des transcriptions nécessitaient pour être publiés. L’interprétation ne se prête que rarement  à la publication immédiate comme un texte rédigé avec soin, à moins que l’interprète ne se trouvât être l’un des rares réellement  talentueux que j’ai connu, tels Kitty Natzio, Albert Kouindjy, George Dunand, Roger Glémet, Mme Kerr ou, plus tard, Camille Amacker, ou encore, s’il avait décidé du temps qu’il serait prêt à consacrer à préparer la traduction d’un discours mis préalablement à sa disposition, avant de passer dans les cabines des interprètes).

Suivait une nouvelle étape. Les manuscrits d’une séance entière étaient distribués dans un ordre quelconque aux rédacteurs, réviseurs et traducteurs en service. (jusque dans les années 1970, le personnel du Conference Record Service d’enregistrement de la conférence travaillait de 9.00 h. du matin  jusqu’à la finalisation des tâches. En règle générale, il y avait seulement trois personnes dans chaque équipe de chacune des trois langues ; le chef du Service devait rarement être appelé en renfort, parce qu’il souhaitait que le travail régulier hors conférence, se poursuive normalement. La composition de ces équipes variait d’année en année. Une année, l’équipe espagnole fut composée de Martinez Mont, Sire et Altimiras ; l’année suivante, Elena Ochoa et Juanita Riley servirent avec Martinez Mont. Par la suite, Pepe Osuna dirigea l’équipe, secondé par  Araquistáin, Payró ou Xavier Caballero. Les équipes française et anglaise furent plus stables : Pierre Boulas fut presque toujours à la tête de la première, secondé par Bernard Spy, André Lang, Guy Cotté, Raymond Bas ou François Moret. L’équipe anglaise était composée de Nora Moffat, Molly Healey et Pat Norsky (née Boyd) et de temps en temps,  Robert Caldwell.

Nous quittions rarement le Palais avant minuit ; lorsque les rapports de la Commission de la Conférence commençaient à arriver, nous pouvions travailler jusqu’à 3, 4 ou 5 h du matin. Je me souviens qu’un jour, au début des années 1950, Osuna, Araquistáin et moi-même travaillâmes quasiment deux journées non-stop (car l’édition espagnole du Compte rendu provisoire avait pris une journée de retard).

Une personne de chaque équipe linguistique était chargée par M. Johnstone de conserver soigneusement ce qui se passait au cours des séances plénières. Cet enregistrement, appelé le « squelette », servait à noter, non seulement l’ordre dans lequel les questions étaient traitées, ainsi que les noms et l’accréditation de chaque intervenant (y compris ceux qui avaient soulevé des motions de procédure), mais aussi, dans la mesure du possible, les noms des interprètes du moment. Ceci était utile : il nous indiquait ce que nous pouvions attendre quant à la qualité d’une transcription, donnant ainsi un aperçu du temps qu’il faudrait y consacrer pour mettre un discours en forme.

La plupart des discours étaient sérieusement révisés, car nous estimions nécessaire que quiconque lirait le Compte rendu provisoire ou utiliserait le Compte rendu des délibérations, devait trouver        que la concordance des textes anglais, français et espagnol était excellente ou, tout au moins, satisfaisante.  Les discours préparés étaient relativement faciles, même quand ils étaient débités rapidement, lorsque le délégué s’efforçait de terminer avant l’expiration du délai imparti de 15 minutes. Mais souvent et même de plus en plus fréquemment, un délégué se sentait en veine d’improvisation, et nous nous retrouvions confrontés à quelque chose de bien pire que la tour de Babel. Il y avait quelques excellents orateurs, comme Léon Jouhaux, Pierre Waline, Sir Guildhaume Myrddin-Evans, Alfred Roberts ou Arutiunián, mais la plupart appartenait à une tout autre espèce. (Pendant quelques années, je m’étais spécialisé dans l’amélioration et l’amincissement des discours de M. Sripathi, délégué des travailleurs de l’Inde, et de ceux du délégué des travailleurs cubains qui s’exprimait longuement et à toute allure, avec deux fois plus de passion et de pathos que n’en montrait la plupart de ses collègues.)

Ensuite, l’équipe principale de rédaction vérifiait les tas d’ébauches dactylographiés, y introduisait des marques typographiques, et faisait des corrections stylistiques ou même sur le fond, pour s’assurer que le dossier de chaque séance était complet, la liste des orateurs à jour, et que toute question de procédure avait été traitée conformément au règlement de la Conférence et à une pratique de longue date. Il est arrivé au cours des années de la guerre froide, que le monde s’arrêtât quand un délégué s’était opposé au point de vue d’un orateur, et que – selon les nouvelles règles fixées par la Conférence – le Président et ses conseillers devaient examiner les passages incriminés d’un discours ou de plusieurs, et décider s’ils devaient être radiés du registre ou conservés. (Parfois, des passages que l’on nous avait dit un jour de supprimer, devaient être rétablis le lendemain dans le cadre d’un rectificatif.)

L’étape suivante consistait pour le chef du Service enregistrement de la Conférence à autoriser l’envoi aux imprimeurs des lots de textes dactylographiés. A l’époque de M. Johnstone, celui-ci examinait personnellement toutes les épreuves dans les trois langues, avant d’accepter leur transmission aux imprimeurs, aussi pressés fussent-ils de les recevoir après minuit, délai théorique, aux premières heures du matin.

Les rapports du Comité de la Conférence exigeaient encore plus de soins. Nous avions été entrainés à penser en termes de cycles complets, de sorte que nous savions que notre travail pouvait avoir une valeur pérenne. Les rapports techniques soumis à la Conférence et ceux relatifs aux discussions conséquentes formaient un tout qui ne trouvait pas nécessairement sa conclusion avec l’adoption de nouveaux instruments de droit. Nous ne savions que trop bien que les précédents ensembles  de rapports pouvaient prendre une valeur certaine pour des débats sur un sujet nouveau, mais présentant des similitudes, inscrit à l’agenda d’une conférence ultérieure. Les éditeurs vérifiaient méticuleusement l’exactitude de la forme et du fond de l’original et des traductions des rapports et des propositions d’instruments, les conclusions et les annexes. Jusqu’à la dernière minute, ils prenaient en compte de nouveaux éléments et les changements communiqués par chaque secrétariat, après que le Comité concerné eut terminé ses délibérations et arrivé à une conclusion. (Kundig me raconta un jour que, sachant que Johnstone refusait que même une seule page du rapport ou des annexes du Comité d’application soit envoyée à l’imprimeur avant que le Comité ait terminé son travail tard le dernier vendredi avant la clôture de la Conférence, il avait menacé de ramasser toutes les épreuves qu’il aurait pu trouver dans le bar des délégués, dénotant ainsi que le travail de typographie avait déjà commencé. Le rapport, dans son entièreté, devait être distribué le lundi suivant, de sorte qu’il semblait normal que Kundig en prépare le plan d’impression à l’avance,  d’autant plus que le rapport du Comité d’application des normes était toujours de loin le plus volumineux. Ce n’est qu’à partir des années 1970  que les usages furent modifiés et que les imprimeurs furent autorisés à commencer le travail de typographie dès le lundi ou le mardi ; ceci entraînait évidemment plus de travail pour faire les corrections et ajouts inévitables en cours de la phase de typographie).

Les pages ronéo des rapports des comités étaient couvertes de corrections manuscrites. Enormément de temps était consacré à recouper le contenu final des rapports dans les trois langues, avant de décider de les envoyer à l’imprimerie.

Quelle était la suite du processus ?   Il n’y avait pas que le staff chargé de l’impression qui attendait impatiemment les lots de copies que nous lui envoyions. De toute évidence, lino-dactylographes et compositeurs Monotype prendraient plusieurs heures à préparer la composition et corriger les erreurs, mais il fallait aussi que nos propres correcteurs et censitaires relisent attentivement les épreuves au fur et à mesure qu’elles étaient produites, et marquent les corrections indispensables. Ils avaient à nouveau le même volume de relecture, une fois que le personnel de l’imprimerie en avait terminé avec la mise en page et imprimé une première épreuve.  C’est souvent à ce stade avancé qu’ils devaient incorporer des modifications de dernière minute envoyées par le Service d’enregistrement de la conférence. Comme attendu, elles concernaient surtout le rapport de la Commission de la Conférence sur l’Application des Conventions et Recommandations et plus particulièrement ses annexes. De nombreux délégués avaient en effet pris l’habitude d’envoyer des amendements aux résumés de leurs interventions au cours des délibérations du Comité, surtout quand le débat avait tourné contre eux et que les pays qu’ils représentaient allaient figurer dans la Liste Spéciale.

Le travail d’imprimerie, organiser et contrôler tous les travaux exécutés à l’extérieur sur des machines à l’ancienne, servies par des personnes fières de leur expérience au monotype et au linotype, la qualité de reliure des épreuves, mais aussi veiller à ce que les spécifications du BIT et les normes de qualité, exigeaient d’apporter le plus grand soin à la correction des épreuves, ainsi que dans divers travaux techniques effectués par notre personnel d’impression. Le BIT était fier de la qualité de ses rapports et publications. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu’il était notoire dans le monde de l’impression que la plupart des publications avaient été traitées par des rédacteurs à plein temps, avant d’être traduits dans une autre langue par des traducteurs d’un professionnalisme reconnu internationalement, le tout étroitement contrôlé par le personnel de la Section impression à diverses étapes du processus ?

A cette époque, le chef de toutes les sections traitant de publications, était Auguste Larvor, un homme convivial hors de son propre enclos, mais un patron sévère lorsqu’il s’agissait de ses subordonnés qui étaient dirigés selon de vieux préceptes que certains appelaient le fouet du maître, mais surement pas un gant de velours. Larvor, comme ses deux successeurs immédiats, R.E. Charlton et Fred Richardson, était sous la surveillance constante de Johnstone, le chef de la section Impression vérifiant chaque page de travaux produits par le BIT , et déterminé à faire respecter par les imprimeurs commerciaux et les personnels  de la section Impression, la règle d’or qu’il s’était fixée, selon laquelle les publications périodiques du BIT paraissaient dans les délais prescrits et les rapports de la Conférence au plus tard 24 heures après la date prévue de publication. Chaque mois de juin, il faisait tout son possible pour observer la règle voulant que le Compte rendu provisoire des séances de la Conférence de la veille, soit disponible avant que ne commence la séance du jour, pour chaque délégué, dans la salle des séances plénières et dans les diverses salles des commissions. Il arriva qu’une séance commence sans le rapport de la veille, avec au maximum deux heures de retard  regardées comme encore tolérable, lorsqu’un rapport du Comité de la Conférence relatif à une Résolution ou à l’Application des Conventions et Recommandations, avait buté sur un élément technique lors de la première ou de la seconde discussion, alors qu’il était inscrit à l’ordre du jour de la plénière peut-être six ou sept heures seulement après avoir été finalisé et envoyé à l’impression. La même procédure s’appliquait également quand il avait été annoncé dans le Bulletin quotidien qu’un projet de Convention ou de Recommandation serait mis aux voix à une date et une heure donnée.

Qu’est-ce que le BIT sous-traitait à des imprimeurs externes à cette époque ? Tout ce qui avait trait à la Conférence internationale du travail, y compris la liste des délégués et les textes originaux de toute Convention ou Recommandation adoptée (qui devaient être prêts en l’espace d’une nuit, avant la clôture de la Conférence, pour que le Président de la Conférence puisse y apposer sa signature). Le Bulletin officiel, les procès-verbaux du Conseil d’administration, la Revue internationale du travail, la Série législative, le bimestriel Occupational Safety and Health, les publications bi-hebdomadaires Industrie et Travail, l’Annuaire des  statistiques du travail, le Budget (qui était alors une affaire annuelle),  toutes les Etudes et Manuels,  les Rapports du directeur général aux conférences régionales (et les comptes rendus des délibérations de ces conférences) et toutes les publications spéciales, étaient  également imprimés par les entrepreneurs extérieurs.

Il n’existait pas l’époque de version typographique des rapports sur ce que nous appelons maintenant des réunions sectorielles. En d’autres mots, les rapports des commissions d’industrie et autres secrétariats similaires étaient confiés à la Section « ronéo » (les machines « ronéo » d’alors étaient beaucoup plus lentes que les machines offset qui firent leur apparition à la fin des années 1970). Les rapports et autres textes émanant de telles réunions furent imprimés par la suite dans le Bulletin officiel. Le même principe était appliqué aux travaux concernant la liberté d’association, disponibles sous forme de ronéos au début et seulement imprimés beaucoup plus tard dans une série spéciale du Bulletin officiel.

Dans les années 1950, la Section impression avait un chef (Larvor) et un chef adjoint (Charlton) et pas moins de quatre correcteurs et un « bibliothécaire » pour chacune des trois langues principales. Ils ont lu et corrigé au minimum deux fois chaque épreuve en attente d’impression au BIT et les épreuves de toute publication du BIT confiée à des imprimeurs extérieurs. C’était l’époque où les éditeurs anglais savaient tous, qu’aucune erreur passerait inaperçue si Charlton avait fait la relecture, et  que Richardson, Eich, Thompson et Norris pouvaient se montrer être aussi perfectionnistes à condition d’avoir le temps. C’était l’époque où les éditeurs français ne pouvaient qu’applaudir  le travail de Deshusses ou Dittert,  mais peut-être contester certaines corrections introduites  par un Bachelet ou un Neuenschwander. C’était aussi l’époque où les éditeurs espagnols étaient trop heureux d’avoir leurs épreuves revues par des correcteurs merveilleux comme Félix Lorenzo, Salvador Oriza, Enrique Benavent et, plus tard, Luis Echevarria.

A tous, nous devons beaucoup. Ils n’auraient jamais laissé passer des fautes ou erreurs factuelles, ils relevaient les passages où des mots avaient disparus, ils questionnaient des chiffres qui ne sonnaient pas comme attendu, ils nous enseignaient l’ABC de l’impression et de la correction d’épreuves et, au moins dans mon cas, ont contribué à améliorer mes capacités de rédaction en annotant brutalement les épreuves dactylographiées que je soumettais pour préparer un draft plus élaboré. De plus, ils ont éveillé nôtre intérêt à améliorer la publication d’ouvrages du Bureau, à mieux connaître les métiers de l’édition et encouragé à visiter des entreprises dans ce domaine. Enfin, ils travaillaient toujours avec les rédacteurs et réviseurs comme faisant partie d’une même équipe.

Bien qu’il dépendît d’un chef différent, le Stenographer and Typing Pool était un autre élément essentiel dans la chaîne du traitement des rapports de la conférence. Que ce soit sous la direction de Mme Cacopardo, Mme Lawrenson, Rosita Daly ou Isabel Miragaya, le Pool dactylographique était toujours prêt à donner un coup de main. Son personnel prenait en dictée des traducteurs, des épreuves dactylographiées lourdement corrigées, ou, comme avec moi, des textes manuscrits. En effet, pour aussi longtemps que je me rappelle, certains correcteurs ont toujours agi de la sorte, se rendant disponibles pour la préparation des épreuves, l’édition de ces épreuves ou diverses tâches pratiques, alors que les rédacteurs se trouvaient déjà submergés par le travail.

Pouvez-vous imaginer ce que donnait le personnel de notre Section Impression durant ces trois semaines ? Un seul exemple vécu personnellement. L’édition espagnole du compte rendu provisoire était imprimée par Kundig dans des locaux relativement modestes près de la vieille ville. Les typographes, certains suisses, d’autres irlandais, un turc bizarre, quelques allemands,  ne savaient pas pour la plupart, un mot d’espagnol. Il était assez pénible de composer une ligne entière, mot par mot, d’un manuscrit en bon espagnol, mais il s’y ajoutait des corrections manuscrites, orthographique, des écritures illisibles, venant de mains différentes, entre les lignes, dans les marges ou sur des bouts de papier attachés à la copie était bien difficile. Nos correcteurs occupés avec leurs propres tâches, devaient répondre à toutes les questions des typographes et les aider à démêler ce que le personnel  du BIT travaillant dans l’urgence, avait voulu dire. La même situation arrivait à la   Tribune de Genève où étaient imprimées les versions anglaises et françaises des Rapport provisoires.

Il s’agissait de la période de travail la plus lourde chaque année. Nous, les rédacteurs, réviseurs et traducteurs et le petit secrétariat composé de Lucile Harrison, Juliette Palacios et Claire Chan, partagions avec le personnel de la Section impression, sans aucun doute le plus lourd du travail chaque mois de juin, en y consacrant peut-être le plus d’heures, parce que les correcteurs et les censitaires (copistes) travaillaient en deux longs quarts. Ce fut une dure école, mais une expérience enrichissante qui m’a laissé de nombreux souvenirs inoubliables.

Roberto P. Payró, ancien chef

Service d’édition et de traduction, décédé en 2017

 * Par la suite, je devins chef du Service, jusqu’à ma retraite en 1984


Partenariat actif – une approche constructive de l’OIT / Björn Grünwald

La démocratie a tendance à devenir son propre ennemi. Oui, ça a l’air bien sur la planche à dessin, mais reste une proposition douteuse à gérer dans la vie réelle. Assez difficile lorsqu’elle est appliquée localement, sa tentative à l’échelle nationale fait ressortir de nombreuses imperfections et déséquilibres. Et sur le plan international – bienvenue à l’ONU!

Le BIT a été conçu comme une réaction et aussi comme une alternative à la violence de plus en plus répandue de l’usage militaire dans la société civile pendant la Grande Guerre. A tel point que cela est devenu une priorité dès le début des discussions après l’armistice, à savoir la fourniture d’instruments permettant de gérer les conflits, au lieu de la violence. Une alternative à la révolution russe, pour ainsi dire. Seul le fait que l’Organisation n’ait pas été invitée à appliquer ses principes dans cette partie du monde, même si l’Union soviétique en est devenue membre, estimant que l’OIT était un lieu de rencontre utile pour ses ambitions politiques générales. Il est donc devenu l’un des principaux théâtres de la guerre froide.

70 ans après, avec l’effondrement du communisme, il y avait une opportunité pour une alternative constructive. L’OIT a réagi très rapidement et a proposé au début de 1992 une approche de partenariat actif, offrant conseils et assistance aux pays qui se lançaient dans le processus très complexe de transition d’une économie planifiée et d’un régime totalitaire défaillants à la démocratie et à l’économie de marché.

Pour gérer cela, une équipe multidisciplinaire a été constituée et sept experts de haut niveau ont été recrutés pour agir en qualité d’émissaires auprès de seize de ces pays. Les tout premiers projets pour la Russie, la Bulgarie et l’Ukraine ont été lancés dès 1992, alors que l’équipe était en train de se rassembler. Il a été décidé de baser l’équipe à Budapest, où elle a ouvert ses portes en janvier 1993. C’était un exploit de taille que de pouvoir lancer quelque chose dans un budget ordinaire de deux ans – facile peut-être dans une entreprise mais effectivement pas pour une organisation internationale mobile de la famille des Nations Unies. Malheureusement, cela signifiait qu’il ne pouvait y avoir aucun fonds important alloué pour notre première année, juste assez pour couvrir les frais de bureau, les salaires et certains frais de déplacement, mais même cela a été une grande réussite.

Cependant, nous étions en affaires et avions des objectifs pour le prochain exercice biennal. Sauf que le succès même de cette initiative a attiré l’attention des pays membres de l’OIT et exigé la création de leurs propres équipes multidisciplinaires. Ce qui signifiait que nous devions partager les fonds réservés avec neuf autres équipes de ce type dans le monde, ce qui nous laissait presque aussi pauvres qu’auparavant. De plus, en 1994, le Congrès américain n’a pas pu s’entendre sur son budget fédéral, ce qui l’empêchait également de payer sa part de 25% de l’ensemble des opérations de l’ONU, ce qui a effectivement bloqué tout espoir d’extension des opérations de notre équipe multidisciplinaire. Impasse.

Sept experts tentant de couvrir seize pays d’Europe centrale et orientale en transition, ainsi qu’un soutien à huit autres pays d’Europe orientale et d’Asie centrale, avec pratiquement aucun fonds disponible pour des projets majeurs était une gageure. Après trois ans de tels efforts homéopathiques, si même cela, nous étions totalement épuisés et presque prêts à abandonner. La Conférence régionale de l’OIT pour l’Europe, qui s’est tenue à Varsovie à la fin de 1995, a ensuite eu lieu. Notre équipe, l’équipe multidisciplinaire d’Europe centrale et orientale ou CEET, y était invitée. Nous y sommes allés, convaincus que nous serions critiqués massivement pour la médiocrité des livraisons, à la fois par les 26 pays que nous avons été chargés de soutenir et par les 24 autres pays européens. À notre grande surprise, nous avons été unanimement loués par les trois électeurs de nos 26 pays et, de manière générale, applaudis par les 24 autres!

Comment était-ce possible? Nous étions considérés comme le seul grand organisme international à tenter sérieusement de rencontrer nos concitoyens dans leur pays, travaillant ensemble et prêts à discuter leurs arguments et à les écouter, plutôt que de simplement leur dire quoi faire. Dans l’évaluation de la politique de partenariat actif entreprise par le Conseil d’administration du BIT après cinq ans, le vice-Premier ministre de l’Ukraine a exprimé de manière convaincante que chaque dollar du BIT valait plus que dix dollars de la Banque mondiale, précisément parce que les membres de la CEET ont fait attention à leurs priorités et les ont écoutées.

Alors, fin heureuse? Eh bien, pas tout à fait – même si beaucoup a été accompli au cours de ces premières années de dialogue du BIT avec un demi-continent, il a expérimenté le tissu même de leurs sociétés. Le BIT et d’autres acteurs ont commis de nombreuses erreurs, mais beaucoup a également été accompli au cours des premières années où tout était possible, car il n’existait alors aucune règle établie sur ce qu’il fallait faire et comment le faire.

Comme l’a dit le premier ministre polonais de l’industrie, «il s’agit simplement de recréer le magnifique aquarium à partir de ce qui reste de la soupe de poisson que les communistes en ont faite lorsqu’ils ont pris la relève!


Histoire du bateau ALBERT THOMAS / Siegfried E. Schoen

  1. Introduction

Albert Thomas devint en 1919 le premier Directeur du BIT.

Comment auriez-vous réagi 55 ans plus tard à la vue d’un bateau portant nom de l’ancien directeur, battant pavillon des Nations Unies, dans les eaux territoriales du Bangladesh?

Je laisse au lecteur le soin d’imaginer sa réaction ; je voudrais raconter ici comment un bateau portant ce nom est arrivé si loin du lac de Genève.                                         

Le Projet BGD/72/003 et l’achat du bateau HAMAYA MARU

De janvier 1971 jusqu’à décembre 1976, le BIT a exécuté au Bangladesh un  projet de coopération technique dénommé « Centre de formation Narayanganj  du personnel de pont pour la navigation intérieure » (PROJET BGD/72/003).

Le BIT, le PNUD et les autorités gouvernementales  du Bangladesh pour la navigation intérieure, coopéraient au projet. Pour atteindre ses objectifs principaux, la formation effective de personnel de pont,  le document de projet prévoyait l’acquisition d’un bateau approprié. La Branche Maritime (MARIT) du BIT et l’Autorité gouvernementale en charge avaient été pressenties pour trouver un tel bâtiment.

L’instabilité politique et les troubles que connut le Bangladesh durant la mise en œuvre du projet causèrent des retards dans les opérations prévues. Dans cette situation, l’acquisition d’un bateau adéquat pour former du personnel, a dû se faire par sélection directe et non en suivant les procédures habituelles des offres publiques internationales.  Finalement, la recherche d’un bateau dans des pays asiatiques voisins conduisit à identifier comme acceptable, le HAMAYU MARU, un bateau japonais.

Le journal de bord nous fournit les indications techniques suivantes :

Longueur:                     29.69 m
Largeur:                          6.10 m
Tirant d’air:                    2.70 m
Tirant d’eau:                  1.70 m
Tonnage brut:               155.92 tonnes
Moteurs:                        4 temps, 6 cylindres, 600 CV
Construction:               30 avril 1966 par Chantier Kurinoura, Japon

Avant d’être acheté par le BIT, le HAMAYA MARU était utilisé comme ferry, surtout pour le transport de personnes, entre un groupe d’îles japonaises.

D’après une définition simple, un bateau peut être classé comme une pièce d’équipement. En tant que chef à cette époque de la branche Equipement et Fourniture (BEF), il entrait dans mes attributions d’aider MARIT à négocier et conclure l’achat de ce bateau.

Comme je ne connaissais pas tous les arcanes de l’acquisition de bateaux, et sans aucune expérience dans ce domaine, un audit interne me conseilla de contacter à la FAO à Rome le département shipping and transport. J’appris là-bas que la FAO détenait une flotte de bateaux sur une base régulière, qui étaient principalement utilisés pour le transport de grains et autres produits alimentaires. Je reçus de ce département un briefing approfondi qui me fut extrêmement utile par la suite au Japon.

Le contrat de vente du HAMAYU MARU contient en gros les points suivants :

  • le bateau et les transformations à y apporter pour le transformer de ferry en un bateau capable de prendre la mer.
  • un équipage capable de manœuvrer le bateau sans assistance extérieure du Japon au Bangladesh.
  • Au total pour un coût de $US 239.555

Un draft du contrat de vente, préparé conjointement par des officiels de MARIT, LEGAL et moi-même, constitua la base de ma prochaine mission au Japon ayant pour but la conclusion du contrat.

Suite à de longues négociations avec la compagnie japonaise qui possédait le bateau, j’ai signé au nom du BIT le contrat d’achat en son bureau de Tokyo en novembre 1974 (voir la photo de la signature de l’acte avec Albert Thomas la surveillant de son mur). La contrepartie nationale était un représentant de la compagnie vendeuse.

Après un séjour hectique de cinq courts jours à Tokyo, je quittai le Japon avec le sentiment enivrant d’avoir conclu avec succès le contrat d’achat du bateau. J’avais toutefois oublié le dicton qui dit de ne « jamais glorifier une journée avant la tombée de la nuit ».

Quelques semaines après mon retour à Genève, le proverbe prit de l’actualité.  En effet, j’avais reçu un message télégraphique de Tokyo avec le texte suivant : Bateau a quitté son port japonais – hier – à 18 heures. Certificat pour navigation en mer pas encore reçu. Salutations.

Waouh, le bateau parcourait les océans, mais le certificat japonais le déclarant apte à prendre la mer n’avait pas été obtenu, Comment cela était-il possible ? Après tout, cette négligence aurait pu avoir de lourdes conséquences s’il arrivait un accident au détriment de l’équipage et/ou du bateau.  Après une nuit d’insomnie, le jour suivant apporta un autre télégramme plus détaillé confirmant : a) la réception par le bureau du BIT à Tokyo de la certification sur papier de la navigabilité du bateau ; et b) que l’inspection du bateau par le Bureau des voies maritimes japonais avait donné une approbation verbale, avant que le bateau quitte le Japon. Ma pression sanguine revint à la normale.

III. Nouveau baptême du HAMAYA MARU comme étant le ALBERT THOMAS et conclusion.

Avec la signature du contact d’achat, la propriété du bateau changeait obligeant les nouveaux propriétaires à trouver un autre nom que HAMAYU MARU.  L’idée de le baptiser Albert Thomas fut lancée, pour autant que je me souvienne, par Patrick Denby, alors directeur de FINAD. Sa proposition fut  acceptée par le Directeur général, M. Francis Blanchard, et subséquemment, par le représentant local du PNUD et par les Autorités pour la navigation intérieure du gouvernement du Bangladesh.

Pourquoi a-t-on choisi ce nom ? Il était extrêmement signifiant pour le BIT. Albert Thomas ne fut pas seulement le premier directeur du Bureau (1919 – 1932), mais fut également le meilleur ambassadeur de son mandat fondateur, à savoir la promotion de la Justice Sociale dans le monde du travail par une approche tripartite.

Au début de l’année 1975, après 3 semaines de navigation au départ du Japon, via Singapour, le ALBERT THOMAS arriva sain et sauf au Bangladesh, ayant ainsi démontré son excellente navigabilité en haute mer. Arrivé là, il fut mis au service du projet BIT de navigation sur les voies intérieures.

  1. Remerciements et remarques personnelles

Je voudrais remercier les collègues qui m’ont aidée lors de la rédaction de ce papier : Ivan Elsmark, Max Kern, Jaques Rodriguez, and Uwe Seier.

Quant au bateau, son destin m’est devenu inconnu après que la propriété en fut transférée aux Autorités de la navigation intérieure à la fin du projet, en décembre 1976.

Lors de mes 26 années passées au BIT (1968-1994) en tant que professionnel dans les marchés publics internationaux, j’ai traité des centaines de projets de coopération technique et, en conséquence, l’achat de milliers de sortes d’équipements. Pour donner deux exemples d’équipement exotiques, d’une part un modèle de chemin de fer offrant la possibilité de simuler le trafic lors de la formation du personnel des chemins de fer en Egypte et, d’autre part, au Népal l’utilisation d’explosifs et de détonateurs pour la formation du personnel affecté à la construction des routes !

Cependant, l’achat du HAMAYU MARU/ALBERT THOMAS fut pour moi une expérience, à la fois, inoubliable et unique en raison du lien établi avec le nom de l’une des personnalités les plus remarquables de l’OIT : Albert Thomas.


Grace Sampson: 50 ans de service / H.F. Rossetti

Grace a rejoint le personnel de la succursale de Londres le jour du Nouvel An 1926. Elle avait eu 16 ans exactement quatre semaines plus tôt. Elle a pris sa retraite le dernier jour de 1975 et, ce jour-là, elle a achevé son service non interrompu pendant cinquante ans avec le BIT à Londres. Si, au siège ou dans tout autre bureau extérieur, s’il y a jamais eu un employé du BIT possédant une expérience de service aussi longue qu’elle, je serais très surpris. Je serai également surpris que son record ait été égalé.

En 1926, Albert Thomas était Directeur, ce qui signifie que Grace Sampson a travaillé au Bureau de Londres sous les directives de chacun des directeurs généraux. Lorsque David Morse était Directeur général, il s’était organisé pour qu’elle soit invitée à Genève en mission officielle lors de la session de la Conférence en juin 1967, en reconnaissance de son long et dévoué service. Et pourtant, elle a continué à travailler pendant huit ans encore.

Mme Sampson avait assuré des missions à deux reprises. En 1945, à Copenhague en tant que membre du Secrétariat à la réunion de la Conférence technique préparatoire maritime. L’année suivante, à Bruxelles, en tant que membre du personnel de l’Office à la première session du Comité des textiles et, immédiatement après, à la première session du Comité des bâtiments, du génie civil et des travaux publics. Elle a donc eu très tôt l’occasion de se familiariser avec le nouveau développement des activités de l’OIT d’après-guerre, sous la forme de commissions d’industrie.

Le gros du travail de Mme Sampson a bien sûr été effectué au Bureau de Londres. Cela ne signifie pas qu’elle soit restée au même endroit. Le bureau que la jeune fille de 16 ans a rejoint le 1er janvier 1926 (le jour du Nouvel An n’était pas alors un jour férié) était situé au 26 Buckingham Gate, près du palais de Buckingham. Plus tard, le Bureau de Londres dans lequel elle a servi se trouvait à Victoria Street, Parliament Street, Piccadilly, puis New Bond Street, pour sa dernière année de service. En plus de ces bureaux, le domicile du directeur se trouvait à Rudgwick dans le Sussex, où le personnel s’est établi pendant plusieurs années au cours de la Seconde Guerre mondiale après le bombardement du Bureau de Victoria Street. Grace m’a dit que la fille du médecin local avait été recrutée pour aider à la dactylographie. J’ai rencontré Mme Sampson pour la première fois pendant ma visite à M. Burge, alors directeur, lors d’un week-end pendant cette période d’exil de guerre.

Burge a été le deuxième, et le Directeur qui est resté le plus longtemps, des Directeurs du bureau de Londres (1924 à 1945). Mme Sampson travailla pour lui pendant près de 20 ans. Plus tard, elle servait sous la direction de MM. Robbins, Pickford, GA Johnson), Sir Guildhaume Myrddin-Evans, et M. Slater.

J’ai succédé à M. Slater en 1970. Grace Sampson avait alors terminé sa quarante-quatrième année de service et il n’était pas étonnant qu’elle me regarde avec un œil un peu fatigué – le septième directeur avec lequel travaillé ! (Mais Grace n’était pas arrivée au bureau de Londres à temps pour travailler avec le tout premier directeur, très tôt en 1920, J.E. Herbert.)

Mais si son œil était légèrement fatigué, rien ne le laissait penser. Elle était et restait toujours pleine d’énergie et d’enthousiasme. Lors de mon arrivée, elle était commis à la bibliothèque, puis occupa le poste de bibliothécaire, mais elle était une bibliothécaire différente. Sa grande mémoire et sa longue expérience ont rendu inutiles les catalogues, les fiches et autres dispositifs utiles pour aider les personnes mal informées. Elle apportait une aide inestimable à tous ceux qui cherchaient un document au bureau de Londres, à écrire ou à téléphoner, à condition que ce soit la vérité de l’OIT qu’ils recherchaient. De temps en temps, elle a brièvement fait appel à des souvenirs ou jeté un coup d’œil rapide sur les étagères avant de dire: « Je pense que ce rapport sur la consommation alimentaire et les enquêtes diététiques dans les Amériques présenté par l’OIT à la onzième Conférence sanitaire panaméricaine à Rio de Janeiro en 1942 pourrait vous aider dans vos enquêtes ».

Son départ le 31 décembre 1975, après 50 ans de travail acharné, fut un jour triste pour le bureau de Londres et le BIT dans son ensemble. Sans Grace, nous ne nous retrouvions pas pour résoudre des énigmes et pour nous aider de toutes les manières innombrables qui lui venaient si naturellement. Comme je l’ai dit au début, il semble douteux que l’Organisation ait en poste un fonctionnaire de longue date qui s’intéresserait davantage à son travail ou qui servait le BIT avec plus de dévouement.

Cette contribution par H.F. Rossetti, Directeur du Bureau de Londres 1965 à 1970, était publiée pour la première fois en anglais dans ILO World, janvier 1976.


Presque 100 ans d’efforts de l’OIT pour protéger les droits des interprètes Comment faire face au changement technologique – en résumé / Sally Christine Cornwell

Les efforts constants de l’OIT pour protéger le droit des artistes (ceux associés à la musique, au théâtre, aux travaux audiovisuels, etc.) sont peu connus de son histoire. Jusqu’à ce que la technologie pour recueillir ou « fixer »  les performances dans les films ou les disques (phonogramme) soit perfectionnée, les interprétations se passaient en direct et les accords sur la rémunération étaient  principalement faits entre les interprètes et ceux qui les engageaient.

Avec le développement et l’augmentation de l’utilisation, de la diffusion des enregistrements et des films dans les années 1920,  les interprètes devinrent de plus en plus concernés par leur rémunération vu que le nombre croissant de copies de leurs travaux. En outre, ils estimaient avoir le droit de protéger l’intégrité de leurs travaux ; ce serait un droit moral.  Alors que les œuvres d’auteurs étaient protégées par des lois internationales datant des années 1880, il n’en existait pas de semblables pour les interprètes.  A partir de 1920, l’OIT a reconnu que les artistes étaient des travailleurs qui devaient être rémunérés non seulement pour leur performance initiale mais aussi pour toutes utilisations commerciales ultérieures découlant de leur travail.

Après  trente années de consultations entre les gouvernements et les différents détenteurs des droits, la Convention internationale pour la protection des  producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion (la Convention de Rome)  a été adoptée en 1961. L’OIT, l’UNESCO et l’OMPI  s’en sont partagés l’administration. La ratification a été lente mais plus de 90 Etats membres l’ont maintenant ratifiée.

La Convention de Rome a marqué une avancée décisive en reconnaissant que les interprètes avaient un droit de consentement quant à l’utilisation de leurs travaux et pouvaient réclamer une rémunération dans certains cas. Dans le même temps, la Convention a présenté des options afin d’éviter ou de limiter les droits de rémunération. Les syndicats représentants les interprètes n’ont jamais été entièrement satisfaits avec les termes de la Convention mais obtenir une plus grande protection internationale semblait être un objectif improbable.

Depuis 1961, des développements technologiques  et des moyens plus sophistiqués (câbles, vidéos, DVD, satellites, technologies digitales) ont tout simplement multiplié les moyens par lesquels les travaux des interprètes pouvaient être copiés (même changés), reproduits, réutilisés et redif-fusés. Il y a plus de 20 ans, l’OMPI a mis à jour et renouvelé ses traités internationaux de copyrights et de phonogrammes mais les efforts pour assu-rer une protection internationale similaire pour les interprètes en audiovisuel n’ont pas abouti.

En 2012, cependant, une conférence de l’OMPI a adopté le Traité de Beijing sur les interprétations audiovisuelles. Cet accord traite principalement des droits  sur la propriété intellectuelle des interprètes en audiovisuel (droits éthiques, et  droits pour l’autorisation à la reproduction, distribution, location et diffusion au public) pour des travaux qui ont été « fixés » dans des exécutions audiovisuelles.  Il y a, néanmoins, des options pour restreindre les droits telles que : remplacement des autorisations avec rémunération et/ou transfert des droits contre des redevances ou  rémunération. Le Traité de Beijing avec environ 17 ratifications entrera en vigueur quand 30 Etats l’auront ratifié.

Avec ces développements, quel est le rôle de l’OIT ? Elle n’a pas été très impliquée dans le Traité de Beijing. Le Comité intergouvernemental sur la Convention de Rome le plus récent s’est tenu en 2009. Toute réunion future dépend de « nouveaux » développements, probablement lors de l’entrée en vigueur du Traité de Beijing. Quel est l’avenir de la Convention de Rome une fois que le Traité de Beijing entrera en vigueur ? Certains syndicats de travailleurs ont exprimé des doutes quant à l’efficacité du nouveau traité et souhaitent avoir des clarifications sur les différentes implications.

Après 100 ans de défense des droits des interprètes, est-ce que l’OIT continuera dans cette voie ?

Il est évident que le souci constant de l’OIT pour l’emploi et les conditions de travail des interprètes, dont la plupart ont des emplois atypiques, se maintiendra. Le Forum global de L’OIT sur les relations de l’emploi dans les médias et les secteurs culturels en 2014 fourni une feuille de route. La réunion de l’OIT a été suivie par un manuel syndical : «Soutien aux travailleurs atypiques dans les arts, les médias et les secteurs de divertissements » préparé en 2016 par des membres européens de l’Alliance internationale des arts et des loisirs. La feuille de route et le manuel syndical décrivent tous les aspects critiques de la vie professionnelle des interprètes.

La question demeure : à savoir si l’OIT a un rôle à jouer dans la défense des interprètes et lequel quand leur travaux sont « fixes » et utilisés et réutilisés sous différentes formes.

Ils ont dit…

La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information.

Albert Einstein


Autrefois, même l’avenir était plus radieux / Peter Auer

La Commission mondiale sur l’avenir du travail, créée en 2017 comme deuxième étape de l’initiative sur l’avenir du travail lancée en 2013 par le Directeur général du BIT, Guy Rider, est en pleine activité et organise toute une série d’événements de nature technique qui devraient déboucher sur la publication d’un rapport important en 2019.

Il me semble opportun à cette occasion de rappeler une autre initiative intéressante menée il n’y a pas si longtemps dans le même domaine. En 2000, le ministère français du Travail et le Directeur général du BIT de l’époque, Juan Somavia, ont lancé une série de colloques sur le même sujet, présenté sous l’appellation plus large « L’avenir du travail, l’emploi et la protection sociale ». J’avais alors été chargé par le Directeur général de coordonner ces différentes manifestations en étroite collaboration avec le ministère français du Travail. Par la suite, l’OIT a réuni des experts du BIT dans ce domaine, le ministère français, les partenaires sociaux et des chercheurs du monde entier dans le cadre de 3 conférences tenues en 2001, 2002 et 2005 respectivement.

La première de ces conférences, organisée à Annecy en 2001, a examiné la nécessité de disposer de politiques visant à protéger les travailleurs face à l’incertitude croissante engendrée par la mondialisation et les changements technologiques et organisationnels. En conséquence, la conférence a abordé le thème très vaste des transformations du travail et de l’emploi résultant de ces changements, de l’impact de ces transformations sur le travail et la société, ainsi que des mesures économiques, politiques et sociales susceptibles d’améliorer la sécurité des travailleurs. (Pour plus de détails, voir le compte-rendu des travaux de la conférence : Peter Auer et Christine Daniel « The future of work, employment and social protection : the search for new securities in a world of growing uncertainties » IIES, OIT, 2002).

La deuxième conférence, qui s’est tenue à Lyon en 2002, a axé ses travaux sur la dynamique du marché du travail et a examiné les parcours des travailleurs et des chômeurs, les approches du cycle de vie, l’évolution des réglementations et la nécessité de mettre en place des politiques bien intégrées. Le concept de sécurité tout au long de la vie, les transitions protégées sur le marché du travail avec des périodes de travail, d’éducation et de formation de durée variable, ainsi que la protection contre les risques à des périodes particulièrement difficiles du cycle de vie ont été au cœur de cette réunion. L’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale a été considéré comme un élément particulièrement important des marchés du travail modernes et dynamiques caractérisés par une augmentation de la part des femmes dans la vie active. (Voir Peter Auer et Bernard Gazier “The future of work, employment and social protection: the dynamics of change and the protection of workers” IIES, OIT 2002).

La troisième réunion, tenue de nouveau à Annecy en 2005, a constaté que la mondialisation a effectivement amélioré le bien-être général des pays qui y ont participé et contribué à une réduction globale de la pauvreté. Elle a aussi souligné que, pour le grand public, la mondialisation était de plus en plus fréquemment perçue comme un facteur de destruction d’emplois, avec des répercussions négatives sur le parcours de vie des gens et un important moteur d’augmentation des inégalités. S’il a été constaté que les pays les plus touchés étaient ceux qui participaient peu, voire pas du tout, à l’économie de la mondialisation, il a également été reconnu que rares étaient les politiques permettant de dédommager efficacement les perdants de la mondialisation. La conférence a analysé les tendances et schémas d’internationalisation de l’emploi et, après avoir examiné quels étaient les perdants et les gagnants, a proposé de nouvelles politiques de compensation, fondées sur les droits des travailleurs et les normes du travail ainsi que sur des politiques sociales et du marché du travail de nature à instaurer un système efficace de protection sociale et d’adaptation à l’emploi qui conduise à une mondialisation plus juste. (Voir Peter Auer, Geneviève Besse et Dominique Méda « The internationalization of employment : chal-lenge for a fair globalization », IIES, OIT, 2005.)

En conclusion, cette série de conférences organisées par la France et l’OIT, a posé nombre des bonnes questions et proposé un cadre pour l’établissement de normes du travail et de politiques du marché du travail avec pour objectif de piloter la mondialisation aux niveaux national et international afin de la rendre plus équitable. Toutefois, la crise financière de 2008, qui a nécessité des interventions ponctuelles pour faire face aux effets négatifs sur l’emploi, a réduit la capacité de mise en place de cadres de politique sociale et du marché du travail à long terme susceptibles d’accompagner de manière plus durable les chocs de la mondialisation.  L’assouplissement quantitatif a bien fonctionné pour les investisseurs privés, mais il s’est accompagné d’une réduction des dépenses publiques consacrées aux politiques sociales et du marché du travail.

A la lumière des récentes tentatives menée par une grande puissance économique pour réduire la mondialisation et instaurer la préférence nationale, et compte tenu également de la montée du nationalisme en Europe et ailleurs dans le monde, on est en droit de se demander si le paradigme « laisser faire la mondialisation, mais compenser les perdants » est encore accepté comme feuille de route pour l’élaboration de normes et de politiques. Nous constatons en effet que les politiques d’indemnisation sont remplacées par des mesures protectionnistes, et on peut se poser la question de savoir si la série de conférences d’Annecy n’était pas trop optimiste quant à la possibilité d’encadrer la mondialisation avec des normes et des politiques.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la phrase « autrefois, même l’avenir était plus radieux » car l’idée selon laquelle il est possible de gouverner la mondialisation pour la rendre plus équitable est moins répandue aujourd’hui qu’au début des années 2000. C’est l’un des défis majeurs que devra examiner la Commission mondiale sur l’avenir du travail.

* Il s’agit d’une variante de l’expression allemande « früher war auch die Zukunft besser » attribuée à l’humoriste Karl Valentin


Réponse du Directeur général à la lettre de la Section

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La lettre de la section

M. Guy Ryder
Directeur général
Genève, le 26 février 2019

Monsieur le Directeur général,

Le Bureau de la Section des anciens a pris connaissance en ce début d’année de la Directive du Bureau IGDS Numéro 533 (Version 1) datée du 10 décembre 2018. De même, il a eu copie de la lettre signée par plusieurs retraités et adressée A vous-même relative aux préoccupations des retraités concernant l’accès au BIT et à certains de ses services dont l’intranet.

Si nous comprenons le souci de sécurisation de l’accès au bâtiment, nous avons toutefois le sentiment que les retraités sont de plus en plus écartés et éloignés du BIT. Nous espérons, bien sûr, nous tromper. Les dispositions décrites dans la Directive IGDS 533 ont été discutées lors des deux dernières réunions de notre Bureau, instance de direction de la Section.

Nous nous reconnaissons dans l’énoncé du paragraphe 4 « Le BIT met A la disposition des fonctionnaires et autres collaborateurs, ainsi que des personnes qui participent aux activités de l’Organisation, une place de parking… ». Les activités de la Section des anciens participent à la vie du BIT, et en cette année de Centenaire nous avons répondu présent aux différentes sollicitations et coopérations suscitées au sein de l’Organisation. Les retraités bénéficient d’un badge « courtoisie ». Toutefois nous nous étonnons que ceux qui régulièrement consacrent des temps très importants de leur vie de retraité aux services des autres, soient considérés comme des « visiteurs » en franchisant avec leur voiture le contrôle. On constate que le paragraphe 10 limite à présent le temps de stationnement de 8h A I7h pour les visiteurs et que le paragraphe 15 accentue cette disposition pour les retraités.

Les retraités peuvent participer aussi aux activités de diverses sections de Sport et Loisirs du BIT dont les horaires dépassent le créneau proposé. Nous nous félicitons que les retraités puissent y participer ce qui maintient un lien entre des générations de fonctionnaires. Il ne faudrait pas que les dispositions mises en place et futures éliminent les retraités de ces activités, du fait de contraintes d’horaire. Certains retraités viennent au BIT pour des travaux de recherche et contribuent à écrire l’histoire du BIT. Nous en publions régulièrement des articles dans notre bulletin Message. A l’occasion du Centenaire nous avons reçu des dizaines de contributions. Ces retraités souhaitent bénéficier de possibilités d’accès au BIT  moins contraignantes que celles prévues dans la Directive ainsi que de pouvoir utiliser plus aisément l’Intranet.

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer avec le service de Sécurité du BIT les problèmes liés à l’accès au bâtiment des conjoints de retraités et de membres de famille s’occupant de parents Ages et dépendants. Peu de progrès ont été faits et les dispositions récentes ne vont qu’accentuer les contraintes d’accès au bâtiment pour se rendre A la Caisse maladie est parfois problématique.

Aussi, le Bureau de la Section des anciens souhaite que les dispositions trop contraignantes soient revues au regard des relations que les retraités ont pu depuis un siècle entretenir avec l’Organisation ou ils ont travaillé. Un dialogue devrait pouvoir être instauré avec l’administration afin que les questions liées à l’accès des retraités au bâtiment et à certains services puissent être discutées avant que des décisions ne soient prises et imposées au détriment d’eux.

Recevez, Monsieur le Directeur général, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Frangois Kientzler Secrétaire exécutif du Bureau de la Section des anciens

CC
Mark Levin, Directeur, HRD
Catherine Comte, Présidente, Syndicat du personnel de I’OIT
Fiona Rolian, Co-administrateur, ILO friends Facebook group Gerry
Rodgers, retraité

Politique relative à l’utilisation des parkings au siège du BIT – dès 10 janvier 2019

(Extrait du Directive IGDS No. 533 (Version 1))
Les retraités du BIT munis d’un ticket « visiteur » ne peuvent utiliser les parkings du BIT que pendant les heures de travail ou pour un événement particulier. Leurs véhicules ne peuvent y stationner que durant ces heures. Ces tickets « visiteur » sont valables pour un stationnement entre 8 heures et 17 heures.

Toute personne contrevenant à ces règles sera priée de se mettre en conformité dans les plus brefs délais. En cas de manquement à cette obligation, le véhicule concerné sera immobilisé ou transporté à la fourrière Aux frais du propriétaire.

Tout propriétaire d’un véhicule de respectant pas ces règles pourra faire l’objet de mesures particulières (pose d’un sabot d’immobilisation ou enlèvement par la fourrière aux frais et aux risques et périls du propriétaire du véhicule). Le BIT décline toute responsabilité en cas de dommage causé au véhicule en infraction durant les opérations de mise en fourrière ou de pose d’un sabot.

Tarifs et frais

Evacuation à la fourrière du véhicule gênant, mal stationné ou non autorisé Selon le tarif official des autorités genevoises pouvant être consulté à l’adresse:

http://www.lexfind.ch/dta/6216/3/rsg_H1_05p08.html.1.html

Pose d’un sabot au véhicule gênant, mal stationné ou non autorisé 80 francs suisses de frais de base

 


Mardi 22 janvier 2019: Deux événements au siège

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[Le texte n’existe qu’en anglais pour le moment!]

The Protocol Service of the ILO has the honour to forward an invitation from the ILO Director-General to the following events, which will take place on Tuesday, 22 January 2019, at ILO headquarters in Geneva:

  • the launch of the report of the ILO Global Commission on the Future of Work, at 10:30 a.m. in the ILO Governing Body Room (R3-south) [Retired colleagues who are in Geneva are kindly invited to follow the event from Room II (R3, south), where there will be live relay, so as to give constituents and invited guests priority access to the Governing Body room. The event can also be followed through the ILO website:  https://intranet.ilo.org or www.ilo.org], and
  • the official ILO Centenary launch ceremony, at 4:00 p.m. in the ILO Colonnade (R2).

Launch of the report of the ILO Global Commission on the Future of Work:

The report of the Global Commission on the Future of Work will be available on the ILO website (https://www.ilo.org/global/topics/future-of-work/brighter-future/lang–en/index.htm) as from 10.30 a.m. (Geneva time) on 22 January 2019. Copies of the report (in the seven ILO working languages) will be available in the Governing Body room.

After the presentation of the report of the Global Commission at 10:30 a.m., the floor will be opened for questions.

Please note that a high level of attendance is expected, so participants are advised to arrive at the ILO at least 15 minutes before the start of the event. The event will be retransmitted in room II.

The official ILO Centenary launch (ILO Colonnade – R2):

The official ILO Centenary launch will commence at 4:00 p.m. in the ILO Colonnade with short introductory statements from the ILO Director-General and the Officers of the Governing Body. The ceremony will be followed by a reception.

Kindly note that access to ILO headquarters will be through either door 4 (R2-South) or door 5 (R2-North), on presentation of a valid ILO badge or photo ID and a copy of the invitation below.

Please confirm your attendance by 18 January 2019 at the following email address, indicating your arrival time: protocole@ilo.org

ILO Protocol


Dernières nouvelles du Fonds de pension des Nations Unies

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65ème réunion du Comité mixte des pensions à Rome

Peu de temps après la publication de la précédente mise à jour dans le Message 63, le Comité mixte de la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies s’est réuni à Rome du 26 juillet au 3 août 2018 pour examiner la situation actuelle de la Caisse des pensions, et en particulier le rapport du Bureau des services de contrôle interne relatif à  la gouvernance du Fonds (voir ci-dessous).

Audit de la gouvernance par le Bureau des services de contrôle interne

Le Comité a accepté six des treize recommandations du BSCI et en a rejeté sept, les plus importantes étant mentionnées ci-dessous. Les recommandations et les commentaires du Comité à ce sujet sont extraits du document A / 73/341 de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le document a été examiné par la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) en novembre 2018 (https://www.un.org/press/fr/2018/gaab4301.doc.htm disponible en anglais seulement).

Recommandations notables rejetées par le Comité :

  • ­Proposition de modification de la représentation et de la rotation des organisations membres au sein du Comité du Fonds. Le Comité a rejeté la recommandation dans sa formulation actuelle et annoncé son intention de créer un groupe de travail chargé «d’examiner les questions de participation, de rotation et de représentation juste et équitable, sans présomption de résultat et en tenant compte de l’examen précédent du Comité en la matière».
  • ­Proposition de séparation des fonctions de Secrétaire du Comité et de Directeur général du Fonds et création d’un nouveau secrétariat indépendant du Comité. Le Comité a indiqué qu’il considérait que la création d’un organe supplémentaire faisant office de secrétariat du Comité était inutile et pourrait avoir des incidences budgétaires. Le Comite a déclaré qu’il établirait des mécanismes garantissant une séparation appropriée des rôles, par exemple en ce qui concerne l’établissement de l’ordre du jour du Comité.
  • ­La proposition selon laquelle le Comité devrait déterminer le nombre de sièges à attribuer aux représentants des retraités et faciliter leur élection directe en tant que membres à part entière du Comité avec droit de vote. À l’heure actuelle, des représentants de la Fédération des associations d’anciens fonctionnaires internationaux (FAFICS) défendent les intérêts des retraités au sein du Comité et participent pleinement aux travaux du Comité, à l’exception du fait qu’ils n’ont pas le droit de vote. Le Comité a rejeté cette recommandation car elle compromettrait la nature tripartite du Comité et parce que les retraités ne sont pas affiliés aux organisations membres. Des inquiétudes ont également été exprimées au sujet du coût potentiel et du doute que des élections directes amélioreraient en réalité la représentation des retraités.

Voir le document A/73/341 Rapport du BSCI à l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’audit de la gouvernance (http://www.undocs.org/fr/A/73/341). Document A/73/9, Rapport du Comité mixte de la Caisse commune sur l’ Audit de la gouvernance du BSCI (http://undocs.org/fr/A/73/9) et commentaires du BSCI sur le rapport du Conseil de la Commission, (https://oios.un.org/resources/2018/11/bBzlau6P.pdf disponible seulement en anglais) pour plus d’informations.

Santé financière du Fonds

À la suite de la réunion de Rome, le Comité a publié un communiqué confirmant les informations fournies dans notre précédent article: la bonne santé financière du Fonds. Au 31 décembre 2017, l’actif du Fonds s’élevait à 64,1 milliards de dollars, avec un léger déficit actuariel de 0,05% de la rémunération considérée aux fins de la pension. La performance des investissements pour 2017 a été extrêmement solide (en raison de la vigueur des marchés financiers au cours de cette année, mais qu’il est peu probable que cela se poursuive à moyen terme), avec un rendement nominal de 18,6%, dépassant ainsi le taux de rendement réel de 3,5% assurant la solvabilité à long terme du Fonds. Devenu un fonds mature, le ratio bénéficiaires / participants actifs augmente et les prestations dépassent les contributions d’environ 272 millions de dollars en 2017. Il convient également de noter que le nombre de participants actifs a en fait diminué de 1,2% en 2017 par rapport à l’hypothèse actuarielle de 2017 d’une augmentation de 0,5%. Le Comité est conscient qu’il n’y a pas de place pour la complaisance et qu’il est plus essentiel que jamais que le rendement des investissements atteigne ou dépasse l’objectif de 3,5% de taux de rendement réel annuel.

Les problèmes opérationnels

Le Comité a déclaré qu’après la résorption des arriérés entre août 2015 et le second semestre de 2017, le système IPAS fonctionne désormais de manière satisfaisante, même s’il reste encore beaucoup à faire. Néanmoins, seules 62% des demandes de pension – contre un objectif de 75% – avaient été traitées en 2017 dans les 15 jours ouvrables suivant la réception des documents complets.

Ressources humaines

Dans la dernière mise à jour, nous avions indiqué que le Directeur général, Sergio Arvizu, était en congé de maladie de longue durée depuis août 2017. Il a maintenant été confirmé qu’il quitterait les Nations Unies le 7 janvier 2019. Le Directeur général adjoint prendrait sa retraite à la fin août 2018 mais a été prolongé jusqu’au 31 décembre 2018 alors que le processus de recherche de son remplaçant était en cours. Malheureusement, à la suite d’allégations d’irrégularités dans les procédures de recrutement et de la qualification du candidat retenu pour le poste par les représentants des participants de l’ONU, le candidat a retiré sa candidature. Au moment d’écrire ces lignes, nous ne savons pas où en est actuellement le processus de remplacement du PDG et du PDG adjoint.


Fiscalité (suite) : Prélèvement à la source en France à partir de janvier 2019

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Dans le dernier Message (No 63-2018) nous avons évoqué les changements devant intervenir à partir de janvier 2019 pour les citoyens domiciliés en France et redevables de l’impôt sur le revenu. Après un été plein d’hésitation sur la capacité de l’État à mettre en œuvre techniquement la réforme proposée une décision finale a été prise ; elle sera bien appliquée !

Pour les personnes en activité l’impôt sera directement retenu à la source par l’employeur qui paie déjà les nombreuses cotisations sociales (parts employeur et salarié) et qui donc à présent devra aussi s’acquitter d’une nouvelle obligation à savoir retenir l’impôt que le salarié doit, puis le transmettre ensuite aux Services fiscaux. Mais comme les retraités ne disposent plus d’employeur leur impôt sera directement prélevé sur leur compte bancaire. Cela ne devrait pas modifier grandement la pratique en vigueur, une majorité de contribuables parmi lesquels figurent les retraités, ayant déjà opté pour ce système. Le prélèvement se fera sur 12 mois et les paiements en numéraire interdits au-dessus d’un impôt annuel de 300 €.

Le montant de l’impôt qui sera prélevé mensuellement figure sur l’avis d’imposition reçu à la fin de l’été 2018 et les prélèvements commenceront en janvier 2019. Toutefois cela ne modifie en rien l’obligation de déclaration fiscale annuelle qui devra être faite au printemps (2019).  Les contribuables continueront à recevoir leur déclaration pré-remplie par courrier ou pourront les consulter sur leur espace personnel qu’ils auront ouvert sur le site du Ministère (http://www.impots.gouv.fr). Au plus tard à la fin de l’été ou très rapidement pour ceux qui font la déclaration par internet, les contribuables connaîtront le montant de l’impôt effectif de 2019 et celui prévisionnel de 2020. Les Services fiscaux pourront procéder à un remboursement si un trop perçu apparaît ou à une demande de solde.  Les Services fiscaux incitent les contribuables à créer leur espace personnel sur internet pour y faire l’ensemble de leurs démarches administratives : déclaration, modalités de paiement, modifications éventuelles, etc. Mais la déclaration papier reste possible même si l’objectif est Zéro papier.

Nous vous conseillons de bien lire la notice jointe à votre avis d’imposition reçu à la fin de l’été 2018 et qui donne des informations détaillées sur les questions que vous pourriez vous poser. Lors du Séminaire de préparation à la retraite qui s’est tenu au BIT du mardi 13 au vendredi 16 novembre 2018 une séquence a porté sur la taxation en France. L’intervenant a été un responsable des Services fiscaux de Bellegarde sur Valserine. Notez-bien qu’il est possible de s’adresser aux Services fiscaux de sa circonscription pour des informations complémentaires sur vos situations particulières.